jeudi 9 juillet 2020

Quitter le Liban



Logbook a quitté le Liban, les coopérations avec les écoles du réseau MLF et AEFE, les bibliothèques, certaines ONG, les réserves naturelles, l'université francophone (USJ) ont permis de réaliser un travail intéressant autour de la biodiversité, de la citoyenneté et du développement durable pendant 5 années. Cette dernière année a été étrange mais riche. La révolution libanaise et la pandémie de COVID19 ont empêché la réalisation d'un grand nombre de projets pédagogiques mais il a été possible de suivre photographiquement au jour le jour le mouvement de contestation du 17 octobre 2019 à juin 2020. Cette ressource photographique est à mes yeux un témoignage de la nécessité de changement de gouvernance politique et économique du Liban.


   
 







mercredi 4 mars 2020

Combats sur les toits de Beyrouth

Dans le cadre d'un projet BD, porté par l'Institut Français de Beyrouth, des BDistes français collaborent avec des BDistes libanais afin de produire quelques planches sur le Liban. Je suis associé à ce projet comme photographe et comme fixeur. Ces derniers temps, j'ai amené Nicolas Wild et Kamal Hakim à la rencontre des combattants des toits de Sabra dans Beyrouth sud. Sur certains toits, on entend chanter les coqs. C'est depuis des box en bois ou plus rarement en parpaing que viennent ces chants.

Ces coqs qui se monnayent très cher sont issus d'une sélection visant à les rendre plus forts, plus agressifs. Des éleveurs les vendent plusieurs milliers de dollars pour de bons combattants. Pendant de nombreux mois, ils sont entrainés au combat pour développer leurs techniques, leur puissance et les rendre plus endurants. 

 
 

Ce jour là, je présente à Nicolas et Kamal un de ces entraîneurs. Nous allons assister à une séance de training d'un de ses champions. Un petit ring est monté, on boit une tasse de thé, Nicolas est déjà plongé dans son carnet. On va découvrir l'entrainement, voir les coqs se succéder, l'entraineur les exciter mais il ne sera pas possible d'assister à un vrai combat. Ces combats sont illégaux, ils se déroulent la nuit et ils sont l'occasion de parier beaucoup d'argent et d'effectuer des échanges.  

 

 

vendredi 10 janvier 2020

Travail sur les kashash al haman de Beyrouth

 Kashash al haman

Le kashash monte sur son toit
Il libère les pigeons
Des cris, des frondes et ils tournent
Ces pigeons sont ses yeux
Ses ailes pour trouver liberté
Il défie, il ose
Il chasse la liberté d'un autre kashash

Depuis 2 années, en coopération avec l'IFPO (Institut Français du Proche Orient), nous avons commencé un travail documentaire sur les kashash al hamam, ces personnes installées sur les toits pour élever et dresser des pigeons. Ce travail concerne les Kashash al hamam d'une banlieue sud de Beyrouth, un milieu où la vie est difficile, où réfugiés syriens, Doms, sans papiers ou clandestins essaient de s'en sortir du mieux que possible. L'activité de kashash al hamam est "un jeu" qui consiste à utiliser un groupe de pigeons en les faisant voler au dessus du quartier afin de kidnapper des pigeons à un autre kashash. 

 Pour ces personnages aux histoires souvent complexes, cette activité sur les toits au dessus des taudis représente une façon de s'évader, de retrouver un peu de liberté. Souvent ils nous disent qu'ils s'imaginent à la place de leurs oiseaux, et qu'ils peuvent survoler la ville au coucher et au lever du soleil. Une façon de retrouver un peu de liberté, un peu de dignité dans ce quartier où ils se sont perdus. Contrairement à l'impression de "jeux" que l'on croit voir en levant la tête vers le ciel, cette activité est une vraie confrontation, une compétition, une recherche de pouvoir. L'élevage, la sélection et le dressage de ces pigeons nécessitent beaucoup d'argent, de savoir faire, de patience et d'adresse. Ces personnages forment une communauté crainte et admirée au sein de laquelle la compétition est sans relâche pour obtenir plus de pouvoir. Une sorte de hiérarchie s'installe et les groupes de kashash sont sous la domination d'un chef, un caïd. Quand les rapports de force entre kashash al hamam vont trop loin, c'est à coup de barres de fer ou d'armes automatiques que la balance retrouve son équilibre.

Premières images montées

 Avec une amie Ethnologue, Emma Aubin-Boltanski, nous suivons les activités de quelques kashash al hamam d'un quartier voisin de Sabra et Chatila. Ce travail consiste à questionner ces kashash sur leurs activités, à monter sur les toits avec eux, les observer au quotidien, fréquenter leurs cafés et lieux d'échanges, découvrir leurs groupes whatsapp... Au bout de plusieurs années, la confiance s'installe.  L'histoire de nos personnages et l'évolution de l'occupation des toits du quartier nous permettent de prendre conscience de l'importance de ces rapports de force dans la vie du quartier. 



Plusieurs articles sont en édition, pour le magazine "Terrain" , pour la revue "Ethnologie Française" .
Un film documentaire est en réalisation avec un financement du CNC.