jeudi 18 mai 2017

D'un monde à l'autre

Hier, mercredi 17 mai, Sabrine et Mariam ont quitté leur quartier de la banlieue sud de Beyrouth pour venir à la découverte de mon métier. La photographie attire les jeunes de tous les milieux et il est intéressant de partager, de faire connaitre ce métier passionnant, de faire naitre des envies pour les aider à déplacer les montagnes qui sont sur leur chemin.

Le quartier de Sabrine et de Mariam © T. Magniez
Plage de Saida  © T. Magniez
Après un arrêt sur la plage de Saida sur notre parcours, je les ai emmenées sur une séance de shooting de stars du Chouf. Des Stars pas comme les autres, ça  profite du soleil, ça vit en groupe, ça  ripaille dans la verdure mais c'est plutôt du genre poilu : les Damans des rochers. Dans la réserve de biosphère du Chouf à Niha, loin de leur quotidien, des obligations envers les petits frères et les petites sœurs, du ménage de la maison, de la mal nutrition, de la misère de leur quartier, elles ont découvert l'herbe verte du Chouf, les cerisiers plein de sucres rouges, les Damans qui profitent du soleil, les faucons qui voltigent dans le bleu. Un autre monde loin de celui où elles grandissent. 








Durant cette journée, j'ai essayé de leur montrer les beautés de la nature, celles qui me semblaient gratuites : observer la vie sauvage, s'allonger dans une herbe verte sans bouteille cassée ou plastique jeté, respirer un air sans mauvaise odeur, écouter les discutions des oiseaux.
Gratuit ! non, pas vraiment. Moi, le parvenu, celui qui circule librement, j'ai bien compris que elles, les oubliées de la société, elles n'y ont pas accès. Ces réserves de nature sont apparues pour elles comme un paradis, un paradis très très loin de leur cercle de vie. Je les ai vues se transformer, sortir de leur carapace, observer, sourire, avoir confiance puis profiter du présent. 


 
J'ai ressenti de la honte quand à la fin de la journée, je les ai redéposées dans leur quartier misérable. L'une d'elles a même dit, comme une proposition, "on retourne à Niha ? ".
Je sais qu'elles ont aimé, qu'elles ont vu et qu'elles vont faire de jolis rêves. J'aimerai tous les emmener, toutes ces centaines d'enfants qui vivent dans ces quartiers.
Merci Tahaddi, merci Catherine, merci Myriam qui leur apportent tant.
A bientôt

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